Eglise Sainte Eugénie de Saillagouse

L’église de Saillagouse nous raconte l’histoire de notre village.

Citée dans l’Acte de Consécration de la Cathédrale d’Urgell de 839, elle nous prouve que nous faisions partie des bourgs de la montagne catalane qui servaient de tampon entre l’empire carolingien et des Arabes encore bien inquiétants.

L’acte de consécration de 913 témoigne d’une construction préromane aux goûts peut-être encore wisigothiques dont nous ne saurons rien tant que des fouilles ne seront pas réalisées sur le site.

Le sud du bâtiment actuel appartient au deuxième art roman, XII et XIIIe siècles, un moment où le royaume catalan, riche en énergies, est prêt à partir à la conquête de la Méditerranée.

La montagne ne veut pas être en reste comme en témoigne chez nous la qualité de la frise de dents d’engrenage et les modillons qui, selon les goûts du moment, insistent sur le traitement du visage humain.

Cette église romane très probablement à clocher-mur, porte au sud et chevet semi-circulaire comme la plupart de ses sœurs cerdanes, connaît au XVIIIe siècle des remaniements considérables.

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Que s’est-il passé ?

Le 12 novembre 1660, à la suite du traité des Pyrénées de 1659, les Français et les Espagnols qui se gardent bien de consulter notre population épuisée par des décennies guerrières écartèlent la Cerdagne.

Il y aura désormais une Cerdagne française et une Cerdagne espagnole.

La capitale historique de Puigcerdà restant dans la partie espagnole, il faut trouver une capitale à cette nouvelle réalité administrative, la viguerie de Cerdagne.

Est-ce la position centrale de notre cité qui la fait choisir comme chef-lieu de viguerie ?

Est-ce le courage de notre population qui a su s’opposer en 1640 à loger une armé e espagnole dont les exactions s’étaient portées sur le village de Meranges ?

Toujours est-il qu’à cette date, Saillagouse devient le centre politique de la Cerdagne française.

Une telle promotion doit se voir sur le terrain et la population choisit de donner à son église des dimensions plus spectaculaires.

La prospérité économique du XVIIIe siècle cerdan lui en donne les moyens.

En 1774, on détruit l’abside et, hélas, ses modillons sculptés.
On met à mal la nef romane pour construire une église baroque à plusieurs chapelles enrichies de retables baroques puis, au XIXe siècle, néoclassiques.

Saillagouse a l’originalité d’occidentaliser l’édifice en ouvrant l’église à l’est et en plaçant le magnifique retable de sainte Eugénie à l’ ouest.

Les peintures récemment restaurées dans le chœur datent probablement de ces travaux.
Un chef-lieu de viguerie ne saurait se contenter d’un modeste clocher-mur et une inscription de 1757 date le puissant clocher-tour de la deuxième moitié du XVIIIe siècle.


A la veille de la Révolution Française, notre église réunit les notables de tous les villages de Cerdagne française et leurs cahiers de doléances.

C’est sous le regard de sainte Eugénie qu’est rédigé en commun le cahier de doléances de la viguerie envoyé à Perpignan.

Les révolutionnaires divisent d’abord la Cerdagne en deux cantons, Ur et Saillagouse, mais peu de temps après le canton d’Ur est rattaché à Saillagouse et notre village, ancien chef- lieu de viguerie, devient le seul chef-lieu de canton de Cerdagne.

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Notre village traverse les XIX et XXe siècles en multipliant des réalisations communales de qualité comme l’école publique au fronton triangulaire caractéristique des années 1890.

C’est là que tous les grands élèves du canton se retrouvaient avec leurs maîtres jusqu’à la fin des années 1960 pour briguer ce diplôme prestigieux qu’était alors le Certificat d’Etudes.

Inscrits au titre des Monuments Historiques :

  • Retable du Christ
    (3e quart du 18ème siècle)
  • Retable de Saint François-Xavier et ses statues
    (18ème siècle)
  • Tableau : Le Purgatoire avec la Trinité, inséré dans un retable d’autel latéral
    (17ème siècle)
  • Tableau : Saint François soutenant le Christ mort
    (17ème siècle)
  • Retable du maître-autel
    (18ème siècle)
  • Retable du rosaire, statues, autel, gradins d’autel
    (1er quart du 19ème siècle)